présentation du numéro 2
Que sont devenus les albums de famille ?
Album : vient du latin « album ». Le mot lui-même dérive de l’adjectif latin « albus » qui signifie « blanc ». Chez les romains, ce mot désignait un tableau blanchi au plâtre (d’où l’adjectif « blanc ») sur lequel on inscrivait le nom des personnages officiels de la république, sénateurs ou juges.(wikitionnaire)
Le tableau blanc (Album) était exposé publiquement pour que tout le monde ait la possibilité de lire le nom de ces grands personnages. Cette métaphore d’un simple support d’écriture possède deux détails qui ont leur importance. D’abord il est effaçable ou modifiable grâce à cette couche de plâtre, ensuite il se donne à voir en public. Un dernier détail n’est pas non plus indifférent : le mot « album » tel quel, existe dans toutes les langues indo-européennes, des langues latines aux langues anglo-saxonnes, germaniques, scandinaves et slaves, sans modification. Il a acquis une universalité que beaucoup d’autres mots pourraient lui envier.
Comme son ancêtre romain, l’album de famille est modifiable à souhait, en enlevant certaines photos, rarement certes, en en rajoutant de nouvelles, en plaçant une photo avec une autre (« Tiens, je trouve qu’ils vont mieux ensemble ! »). Même s’il retrace l’histoire imagée d’une famille et qu’il appartienne au domaine du privé, il n’est pas pour autant intime, personnel voir secret. Au contraire, il est là pour qu’on le montre aux invités et aux nouveaux entrants dans la famille. Et il est universel, commun à bien des régions, des pays et des continents.
Pourtant, l’objet est, sinon remis en cause, du moins doublement questionné. Par la technique avec l’apparition de la photo numérique et des réseaux sociaux. Nous multiplions les images sans penser faire réellement des photos et les présentons au monde entier. Surtout, la famille s’est transformée largement et y inclure qui pour bâtir un album de famille ?
Ce numéro parle de tout cela et aussi des cas de familles particulières, notamment celles qui ont été modifiées par l’intervention de l’Etat et de ses administrations au nom de la protection des enfants de ces familles.
Bonne lecture
Jean-Marc Bouville